Découvrir ou Redécouvrir Bernard Noël

Témoignages

Paloma Matta : «  C'est extraordinaire. Cette époque a énormément marqué, car elle s'adressait à toute la famille, et les personnes qui étaient des enfants lorsqu'ils regardaient Jacquou le Croquant ou Belle et Sébastien gardent ces moments de bonheur gravés dans leur mémoire. Bernard Noël fait partie de ces souvenirs. C'étaient des comédiens qui ont mis leur talent au service d'un personnage. »

Lorsque l'on avait demandé à Michel Galabru -qui a fait le Conservatoire en même temps que Bernard Noël - s'il se souvenait de l'acteur, il avait commencé par froncer les sourcils  : «  Qui ça ? »  - Bernard Noël - Oh oui ! avait-t- il répondu en souriant. Il était tout timide et appréhendait de jouer sur la scène Richelieu aux côtés d'Annie Ducaux. On avait fait la tournée des pharmacies pour lui trouver quelque chose... » Dans les années soixante,  Michel Galabru participa à des enregistrements de pièces radiophoniques en compagnie de Bernard Noël.

Claude Rich :  «  Bernard a été pour moi la première star de télévision. Il a fait beaucoup d'émissions où il était un héros démesuré, un héros généreux. Son charme venait de la poésie qui se dégageait de ce qu'il était. »

Bernard Noël parlant de son ami Claude Rich «  Nous partons quelquefois ensemble une quinzaine de jours pour discuter. Tous les deux en célibataires. C'est un être qui est plein de fantaisie, d'invention, de folie même, un de ces êtres qui bougent. Nous avons joué plusieurs fois au théâtre ensemble. Nous rêvons depuis longtemps de faire un film ensemble, sur un sujet à nous. »

Bernard avait aussi, comme ennemi intime dans la série Vidocq,  mais ami intime dans la vie, Alain Mottet, alias l'inspecteur Flambart.

« Je représentais, avec ce rôle, dira Mottet, l'homme pris dans la société, qui aurait bien aimé s'en sortir et qui courait après la liberté représentée par Vidocq. »

Marcel Bluwal : «  Bernard était de la race la plus rare, celle des acteurs qui ne se contentent pas de faire, au mieux, ce que la mise en scène leur demande, mais qui, à partir de leurs combats avec le texte et le réalisateur, restituent autre chose. Neuf. Inconnu, irremplaçable. La vie. »

 

Sur mes chemins de Bernard Noël

de Pascal Colas

Couverture souple
364 Pages
ISBN 978-2-322-04234-0
Éditeur : Books on Demand

14,95 €

 

 Disponible rapidement sur Amazon.fr

Pascal Colas

Pourquoi avoir écrit un livre sur Bernard Noël

 

 

Ce comédien très populaire de la télévision des années soixante a-t-il encore, de nos jours, une certaine popularité auprès du public ?

 

Je me suis aperçu, en consultant les forums sur internet, que de nombreuses personnes, aux témoignages parfois émouvants, ont gardé de magnifiques souvenirs de Bernard Noël, de Vidocq, de Gaspard des Montagnes, de l'inoubliable Petruchio face à Rosy Varte  en Catharina dans La Mégère apprivoisée de Pierre Badel. Il s'agit là de chefs d'œuvre de la télévision française que l'on peut se procurer en DVD ou sur le site de l'INA ( qui fait un travail remarquable de restauration pour la mémoire du futur ). Ne vous en privez pas !

Marcel Bluwal, géant du petit écran comme le surnomme Isabelle Danel dans son ouvrage sur le réalisateur, ma confirmé que Bernard Noël a toujours son fan club et qu'on lui parle souvent du comédien.

Oui, je l'affirme, Bernard Noël reste vivant pour beaucoup d'entre nous ! C'est pourquoi, durant l'été 2010, j'ai décidé de partir sur ses chemins pour reconstituer les principaux moments de sa carrière. Cela représente pas mal de kilomètres et de magnifiques rencontres. Ce sont ces souvenirs d'une époque révolue, racontée par des gens qui ont vécu cette incroyable aventure au théâtre et à la télévision, que j'espère faire partager aux lecteurs de ce livre.   

 

 

Acteur, aventurier, poète, Bernard Noël était le Capitaine Fracasse qui sillonnait les routes, montant sur les planches dans les villages. Il vivait à cent à l'heure. Et il a vécu comme s'il savait  qu'il avait peu de temps devant lui. Mais il était libre Bernard. Dans la série des Vidocq, Flambart représentait l'homme pris dans la société qui aurait bien aimé s'en sortir et qui courait après la liberté que représentait Vidocq. A chaque fin d'épisode, il était heureux de le laisser s'échapper parce qu'il représentait ce à quoi il aspirait : la liberté.

 

 

Bernard Noël avait des points communs avec le Vidocq de Georges Neveux : «  Le goût des pirouettes,déclarait Sylvia Saurel son épouse  _On lui pardonne toujours tout. On sait qu'il ment. Il fait une galipette, on rit ... »    

La fuite, le sens de la liberté faisait partie de Bernard Noël. C'est pour cette raison qu'il avait quitté la Comédie-Française au bout de deux ans et quatre mois. «   J'ai souffert toute mon enfance, celle de vivre entre des grilles, dira le comédien _Je ne supporte pas l'esprit qui règne dans toute communauté  où l'on se juge, se jauge, s'épie. J'en suis sorti pour respirer... Pour moi, le théâtre, c'est l'aventure... »

Quand Bernard Noël interprétait ses rôles, il se mettait en péril tout le temps. Il courait après un impossible. Il y avait quelque chose d'un peu suicidaire dans sa façon de travailler dans le sens que, plus on va, plus on veut aller loin. Bernard comme une sorte de mécanique qui se mettait en marche, se mettait à respirer d'une certaine manière, à transpirer et, comme le dit son ami Alain Mottet :  «  Il était totalement exalté, lyrique et il décollait. » 

La popularité qu'il avait acquise avec la télévision n'entamait en rien sa lucidité. Le comédien n'oubliait pas son cheminement qui avait été long, lent et pénible. Au début de sa carrière, Bernard Noël avait gardé beaucoup de sa timidité de son enfance.

«  A treize ou quinze ans, je parlais bas, je bafouillais ou alors j'en faisais trop pour donner l'impression d'être plein de certitude...>> Les rôles de jeune premier ne lui convenaient pas et, très souvent, il doutait de lui et se demandait s'il était vraiment fait pour être comédien. Puis il y eut un tournant et les choses se sont décantées.

 « Je savais que les choses redeviendraient meilleures. Puis le temps a passé, j'avais perdu mon visage maigre et romantique. On découvrait le comédien sous un autre éclairage et c'était reparti ! » 

 Cette période se situe au moment où Bernard Noël interpréta le rôle de Charles Paumelle dans la pièce de Roger Vitrac Victor ou les enfants au pouvoir, mise en scène par Jean Anouilh. 

 

 «  Un comédien ne devient vraiment lui même, disait-il, que s'il est bien employé dans son véritable emploi. Pendant une quinzaine d'années, j'ai joué des rôles qui n'était pas fait pour moi. J'étais à côté du rail. Et brusquement on vous dit : "Tu vas jouer un père." On est un peu surpris. On réfléchit : " Voyons est ce que je peux jouer un père !". Et brusquement on est sur les rails. Tout va bien, il y a une harmonie entre les personnages et l'homme que vous êtes. Ce n'est pas un coup de chance c'est la maturité. »

 Et la maturité apportera à Bernard Noël des rôles que beaucoup de téléspectateurs garderont en mémoire.

 « L'émission qui a vraiment marqué, pour moi, dira-t-il, reste La Mégère apprivoisée. Le rôle de Petruchio m'a donné beaucoup de joie et j'ai une certaine tendresse pour lui. Tous mes rôles correspondent à quelque chose qui existe chez moi. Ainsi j'ai des périodes d'activité physique intense, où j'ai besoin de monter à cheval ou de faire de la vitesse au volant de ma voiture, d'autres où je recherche la solitude, où une grande concentration m'est nécessaire. »

 Jean Anouilh qui avait su deviner les possibilités comiques du comédien écrira dans le Figaro du 3 septembre 1970, le lendemain du décès de Bernard : «  Vous étiez, la force, la gaieté, la gaillardise, l'humour, moitié seigneur, moitié truand. Vous étiez la chose la plus rare de notre profession : le style. » 

 Décédé à l'âge de quarante six ans, Bernard Noël n'aura jamais cessé de jouer sur les planches. Le théâtre était sa passion,  « cette communion avec le public qui change, disait-il, celui de dix-sept, vingt ans est merveilleux, galvanisant celui de cinquante... » 

 Et il continuera jusqu'au bout, malgré la fatigue et la souffrance, à jouer sur une scène de théâtre ou sur un plateau de télévision.  «  je joue avec ma santé mais je ne peux pas me permettre d'arrêter au moment précis où tout me sourit. »  disait le comédien. »

 

Malgré l'inquiétude de ses proches, il continuera  à prendre tous les risques en espérant seulement qu'il aurait la chance d'un certain Vidocq...

 

Dans sa dernière émission enregistrée aux Buttes-Chaumont et diffusée en mars 1970, Bernard Noël incarne Don César de Bazan, un mélodrame qui avait été écrit en 1844 pour Frédérick Lemaître. Clins d'œil au public, complots et coups de théâtre en cascade illustrent ce divertissement picaresque, sur mesure pour le comédien.

<< Ce que j'aime dit-il dans les personnages de cette sorte, c'est qu'ils bougent tout le temps, physiquement et moralement. Ils sont généreux, un peu fous, toujours excessifs, ce qui oblige à composer un grand nombre de facettes. Je me suis beaucoup amusé à ce tournage.>>

 

Le comédien ne dit pas qu'il a aussi énormément souffert pendant les prises de vue de l'émission, qui comportait de nombreux duels. Le réalisateur Guy Lessertisseur se souvient que Bernard Noël lui avait confié, en cours de répétition, qu'il avait des soucis avec sa santé. Dans cette période, on pouvait lire dans la presse : «  C'est la grande rentrée télé de Bernard Noël. Nous le retrouverons bientôt dans deux dramatiques L'interrogatoire avec Clotilde Joano et Le Voyage avec Danielle Volle, et une nouvelle saison du feuilleton qui a fait de lui une des grandes vedettes de la télévision : Vidocq. » 

 

Mais du retard, pris à cause des grèves de l'ORTF, et la maladie, qui fait inexorablement son chemin dans le corps du comédien, l'obligent à interrompre l'enregistrement de la pièce de Youri, Le Voyage. Rentré en urgence à l'hôpital de la Roseraie en juin 1970,Bernard Noël ne jouera plus jamais la comédie.

 

 

Le mardi 29 décembre 1970, plusieurs mois après son décès – «  Pour laisser passer l'émotion »,dira Pierre Sabbagh- la première chaîne de l'ORTF rend hommage à Bernard Noël et lui consacre sa soirée  avec une évocation de l'homme et de l'acteur, suivie d'une rediffusion de La Mégère apprivoiséede Pierre Badel. A la même heure, sur la deuxième chaîne,  était diffusées Les Aventures de Zadig d'après l'œuvre de Voltaire. Dans le rôle principal, un jeune comédien (qui lisait ses textes, lui aussi, avec flamme, fougue et passion) faisait ses premiers pas dans la comédie au côté de sa femme Elisabeth. Il s'appelait Gérard Depardieu et n'était pas sans rappeler Bernard Noël, vingt ans auparavant, jouant On ne badine pas avec l'amouravec son épouse Magali de Vendeuil dans l'ambiance affolante des studios de télévision de Cognacq Jay.

 Acteur ou metteur en scène, sa passion était le théâtre, cette communion avec le public divers et varié, mais Bernard Noël était aussi un solitaire. Poète à ses moments perdus, il griffonnait sur la nappe en papier d'un restaurant quelques lignes comme celles-ci :

 

Chanson

 Grand-Père avait les idées noires le soir

 Il lui fallait une veilleuse fumeuse

 Pour éloigner les ombres rouges qui bougent

 De son cerveau d'octogénaire, l'hiver

Il me rendra fou le vieux hibou

 Il me rendra fou itou

 On couchait dans la chambrette pauvrette

 Qui était voisin du vieillard camard

 Et j'entendais toute la nuit le bruit de sa canne

 Sur l'édredon, aïe donc !

 Il me rendra fou le vieux hibou

 Il me rendra fou itou

 Et moi pauvret de sous draps tout bas

 Je marmonnais des tas d'injures obscures

 Et je voyais deux gros yeux fous d'hibou

 Qui se posaient sur mes deux yeux en feu

 Il me rendra fou le vieux hibou

 Il me rendra fou, c'est tout !

 Quelquefois, Claude Rich n'hésitait pas à découper la nappe en papier avant de quitter le restaurant, pour conserver les poèmes de Bernard.  Sous une écorce parfois rustique, cet homme solide cachait un caractère éminemment poétique. Il ressemblait un peu à un personnage de Giono.

«  Bernard Noël aurait pu faire mille choses ! écrit Gilles Alexandre. Il ne les a pas faites, mais ce qu'il nous a montré de lui même et de la vie qu'il aimait était bien fait. »

 Lorsque l'on demande à Bernard Noël, en 1967, quel a été le rôle, parmi tous ceux qu'il a interprétés à la télévision, qui lui est le plus familier, il répond sans hésiter : «  La Mégère apprivoisée. Je crois que le rôle de Petruchio m'a apporté beaucoup de joie et j'ai une certaine tendresse pour lui. »

 Probablement que Bernard Noël  aurait continué la télévision, le cinéma et le théâtre. Surtout le théâtre dans lequel il allait prendre une place primordiale avec un emploi de grand premier rôle comme le précisait André Barsacq lors de l'hommage que rendait la télévision au comédien. La maladie a mis fin à une très belle carrière qui restera malgré tout inachevée. 

 

 L'amitié

 

Lorsque l'on demandait au comédien s'il avait beaucoup d'amis, il répondait : «   J'en ai quelques-uns, pas énormément dans le métier, des toubibs, des dentistes, des gens du dehors avec lesquels, souvent, je parle théâtre. ils sont d'une santé extraordinaire, ils vous donnent généralement de meilleurs conseils que les gens de métier. » Il savait choisir ses amis, en tête de liste, Claude Rich, son grand copain, avec qui il partageait des moments d'évasion. Dans la profession, beaucoup garderont de bons souvenirs de Bernard et se diront son ami. Sympathique, décontracté, rieur, généreux, bon pour certains, d'autres le trouveront hautain, égoïste, agressif. Sous une apparence mature, Bernard Noël avait gardé une timidité depuis son enfance et conservait un côté secret et méfiant. Mais comme le disait Gilles Alexandre dans Télérama : «  Il pouvait aussi ouvrir son cœur et alors, ne retenait pas son affection. »

 

 

 

 

L’auteur : Pascal Colas

Baigné, dès l’adolescence, dans le monde du cinéma et de la télévision, il a participé à la création d’un fanzine, Ciné 2000, que l’on pouvait trouver dans les nombreuses librairies de cinéma de la capitale dans les années soixante-dix. Avec ce livre sur Bernard Noël, c’est un retour à son enfance qu’il effectue. Le poste en noir et blanc de ses parents, le souvenir de Gaspard des Montagnes pendant les fêtes de Noël, de Petruchio dans La Mégère apprivoisée et bien sûr de Vidocq, le samedi soir, constituent des moments qu’il n’a jamais oubliés… Aussi il décidait, en 2010, de partir sur les chemins de Bernard Noël. Retrouver les lieux de représentations en plein air du comédien à Vaison-la-Romaine ou au festival d’Anjou. Mais également les lieux de tournage comme l’Auvergne qui servit de décor naturel durant l’été 1965 pour Gaspard des Montagnes. Rencontres avec des anonymes et des comédiens qui l’ont côtoyé sur scène. Une aventure que l’auteur fait partager dans ce livre aux lecteurs qui découvriront ou redécouvriront le comédien. Une invitation au voyage avec Bernard Noël, un peu capitaine Fracasse comme disait Jacques Perrin.

 

Quelques témoignages…

 

 

Les anecdotes émeuvent nos sentiments les plus profonds. Bravo

 

Pierre-Gilles

 

 

 

 Votre livre est magnifique, il fait bien revivre B. Noël, trop tôt disparu.
Née en 62, je me souviens plus du Vidocq de Claude Brasseur, mais entends encore mes parents regretter le sensible Bernard Noël.

 

Sophie S

 

 

 

J’ai bien apprécié votre démarche, qui correspond bien au -titre : "sur mes chemins..." et on prend plaisir à vous accompagner dans les différents sites. Bref, je suis sûr que ceux qui connaissaient ou se souviennent de Bernard Noël apprécieront votre livre, et j'espère que beaucoup d'autres le découvriront grâce à lui.

 

Thomas Sertillanges

 

 

J’ai passé un bon moment avec vous et Bernard Noël mon amour de petite fille.

 

Marie-Laure Atinault   ( journaliste )

 

 

J ai lu avec attention et intérêt votre ouvrage sur Bernard Noël et j’y ai trouvé beaucoup d intérêt. J’ai trouvé très bien narré sa vie et toutes les anecdotes. Les témoignages sont justes, généreux et passionnants …

 

 Jacques Leclaire 

 

Président du Festival des Jeux du Théâtre de Sarlat

 

 

Cher Pascal Colas

Merci pour votre livre !

Vous y êtes arrivé !

Bravo !

Amitiés de

Françoise et Alain Mottet

 

Un vrai travail de fond fait avec beaucoup de tendresse pour l'acteur, sa personne noble et courageuse que vous rendez si attachante, son parcours à travers une époque si bien évoquée une histoire dans l'histoire.

Virginie Delalande-Moreno (petite-fille de Marguerite Moreno)

 

J'ai retrouvé avec tant de joie les grands moments vécus au contact du grand Bernard Noël. Et merci de le faire revivre dans un livre.

Claude Aufaure

 

 

Actualités

Paris au mois d'août

Petite visite à Bonnieux dans le Vaucluse. Lieu de tournage de La Mégère apprivoisée en 1964

C’est une grande dame, une grande dame de la scène, une grande dame du music-hall. Notre plus belle ambassadrice aux USA. En 1958, dans l’émission de Jean Nohain, Line Renaud joue une scène dans la pièce « Horace » de Pierre Corneille avec Bernard Noël. En regardant mon  livre, elle me confie : « C’est une bonne intention d’avoir écrit ce livre »

 

 

inoubliable Nicole Berger


Télécharger
Pierre Arditi parle de Bernard Noël.mp3
Fichier Audio MP3 511.5 KB

Souvenir ému d'une très belle rencontre, sur les lieux de tournage de Jacquou le Croquant en Dordogne avec Paloma Matta qui nous a quittés le 13 septembre 2017

« Claude Rich connaissait Bernard Noël depuis plusieurs années. Étant condisciple de Magali de Vendeuil  au Conservatoire en 1949, il rencontrait souvent le comédien qui venait chercher sa femme quand elle avait fini ses cours. Mais les deux hommes apprirent à se connaitre en 1961, lorsqu’ils jouèrent la pièce de Françoise Sagan Château en Suède. »

 Sur mes chemins de Bernard Noël  (p119)

 

Rencontre  télévisée de 1957, dans l’émission « Trente six chandelles » présentée par Jean Nohain. Line Renaud joue une scène, dans la pièce « Horace » de Pierre Corneille avec  Bernard Noël, elle réalise ainsi, son rêve d’enfant selon Jean Nohain.

 

en février 1957, où j’interprète   cette fois –les imprécations de Camille dans Horace de Corneille , face à Bernard Noël…  (extrait du livre de Line Renaud      Et mes secrets aussi    édité chez Robert Laffont)

 

La Facture 1968

Avec Jacqueline Maillan

Ça aussi c’était Pierre Tchernia.  Un grand professionnel qui acceptait de recevoir sur un plateau de télévision des jeunes passionnés de cinéma, en posant  avec leur fanzine le temps d’une photo…

La 35ème Foire du livre de Brive (du 4 au  6 novembre dernier) me permit de faire de belles rencontres  avec des personnalités ayant connu Bernard Noël.             En commençant par  le grand Jean-Pierre Mocky. Il se souvient bien de son ami  Bernard,  même s’il ne l’avait jamais fait tourner dans un ses films. Le réalisateur me confirme que Bernard Noël  aurait très bien pu incarner un de ses personnages loufoques et excentriques qui ont fait partie de son univers.

 

 Ma deuxième rencontre : la chanteuse emblématique des années soixante dix Dani, fut aussi comédienne en tournant avec Vadim, Truffaut, Chabrol, Lautner, Claude Berri et bien d’autres.

 

Dani avait vingt ans en 1964 lorsque son nom Dani Graule apparait au générique de La Ronde de Roger Vadim. Ce film est son premier rendez-vous avec le cinéma. Jean-Daniel, assistant de Roger Vadim, la choisit pour une « figuration intelligente » comme elle l’explique dans son livre * Le film fut entièrement réalisé aux studios de Saint-Maurice. Le scénario  tourne autour d’une série de rencontres amoureuses  Dani est aperçue dans la scène : Le poète et la comédienne

 

 Bernard Noël interprétait le poète,  dont le jeu était proche du personnage de Charles Paumelle le père de Victor dans la pièce de Roger Vitrac qu’il jouait sur la scène de l’Athénée ou de Célimare le bien aimé d’Eugène Labiche, enregistrée pour la télévision dans la même période.

 

 Dani se souvient d’un Bernard Noël paternaliste lui faisant travailler sa courte scène. Roger Vadim était trop occupé, Bernard  avait cette patience de prodiguer des conseils pour les jeunes débutants dans la profession 

 

                       L’auteur dramatique, poète, académicien René de Obaldia (98 ans) devait être présent à cette 35 ème Foire du livre de Brive, mais il n’a pu faire le déplacement. J’avais l’intention de le questionner sur l’année 1966, lorsque Bernard Noël  et Marie-José Nat jouaient sur la scène du Studio des Champs-Élysées : L’Air du large

 

* La nuit ne dure pas   Dani     Flammarion, 2016.

 

Vaison-la-Romaine

La télévision de cette époque, c’est aussi cela : «  1969, un enfant faisait pleurer la France.

Son nom :

« Jacquou le Croquant ». Le chef d’œuvre de Stellio Lorenzi

Lorsqu’il y avait des repas de famille, Bernard faisait baisser la lumière et tous l’écoutaient religieusement quand il récitait des textes magnifiques, comme ce poème de Jacques Prévert de 1946, qu’il appréciait particulièrement :

 

 

Barbara

 

 

Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
É panouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu à tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu à tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant

Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abimé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.

Jacques Prévert, Paroles